Modèles et théorie
Il y a 30 ans, Gordon Moore énonçait ce qui est devenu
la "loi de Moore", qui dit : "Le nombre de transistors
dans un microprocesseur double tous les 18mois". Ce qui a été
rapidement transformé en "La puissance double tous les 18mois",
bien que cela soit une traduction erroné des mots de Moore. Qu'en
est-il ?
Si la puissance double tous les 18mois, la puissance suit une loi du
type :
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où P est la puissance au temps considéré,
P0 celle au temps pris comme initial, t le temps considéré,
et t0 le temps pris comme initial. Ici, P0 sera la puissance en
juin 2000, t le nombre de mois depuis janvier 2000, et t0=6 (le
nombre de mois entre janvier 2000 et juin 2000, ce qui facilite
les calculs, ce paramètre étant juste "un décalage
de l'origine") |
Nous allons donc réaliser une régression pour déterminer
la justesse de ce modèle :
Le calcul va porter sur les 18 mois. Appelons donc
d la durée nécessaire pour doubler la puissance de
calcul du top500.
Il suffit de faire une régression linéaire en traçant
ln(P/P0) en fonction de t-t0, où A et T sont les paramètres
recherchés. |
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On obtient alors : R² = 0,992852...,
soit une bonne approximation, étant donné la nature
complexe du phénomène et la simplicité de l'étude
et : |
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soit, non pas un doublement tous les 18mois, mais tous les 13mois
et 10jours environ. La puissance est multipliée par 2,55
tous les 18mois. Soit bien plus rapide que ce qui est généralement
admis.
Venons en maintenant à la puissance par cpu, en calculant Rmax/Nb
CPU. Le même type de calcul nous donne un doublement tous les 23mois
(R² = 0,9866, ce qui est nettement moins bon), ce qui encore une
fois semble bien loin des 18mois.
Terminons ces calculs par "l'efficacité moyenne" de
chaque famille de CPU :
On voit là les CPU spécifiquement développé
pour les supercalculateurs : Nec & Cray, qui domine largement la moyenne.
On voit également au dessus de la moyenne Itanium2, Power 5 &
4+ (bi core tous les deux), SR8000 et ... Xeon.
Les Xeons, si on résume, sont issus d'une architecture présentée
comme une erreur par beaucoup de personnes, Netburst, ils chauffent énormément,
ce qui leur interdit d'être trop proche les uns des autres, etc.
Cependant, ils représentent 46.4% des supercalculateurs, 34.77%
des CPU, 37.4% du Rmax total... Et comble dans ce domaine, ils sont, pour
la plupart, UNIQUEMENT 32 bits... tout comme les PowerPC440 qui animent
le numéro 1, Blue Gene /L.
Columbia - SGI Altix - 10160 Itanium 2 |
Ce petit tour d'horizon du marché des supercalculateurs
montre clairement que les constructeurs s'oriente vers des solutions
"standards" : solutions Intel ou IBM, à l'exception
des cas spécifique que sont NEC et Cray (qui a toujours dit
qu'utiliser des processeurs développé spécifiquement
pour les supercalculateurs étaient la meilleure solution).
Cette évolution nuit à la "CPU-diversité"
car nombre de bonnes architectures sont appelées à
disparaître a court ou moyen termes. C'est le cas pour les
PA-RISC et les Alpha, dont les morts sont programmées. Cela
semble être plus lointain pour les Sparc, car le marché
des stations les porte encore, mais pour combien de temps, sachant
que Sun monte maintenant des stations x86-64 à base d'AMD
Opteron. Le destin des MIPS dans les supercalculateurs semble lui
aussi scellé, car SGI ne monte désormais plus que
des Itanium2 dans les supercalculateurs, et s'orientera probablement
aussi vers cette solution en station, même si pour l'instant,
les MIPS sont toujours au coeur de la majorité des stations
Silicon Graphics.
Cet article a également montré que la puissance des
CPU augmente bien moins vite que celle des supercalculateurs, ce
qui est rendu possible par l'augmentation du nombre de CPU, qui
masque le décalage entre les besoins en calculs et les possibilités
offertes par la technologie des microprocesseurs. |
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