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Alimentations ATX 2009
Enermax Pro82+ 385 Watts

Innover dans le domaine des alimentations électrique ne se résume pas à pousser les watts inutilement pour offrir aux services marketing un gros chiffre à mettre en avant. En effet, comme nous l’avons déjà vu, les modèles de 700 Watts et plus sont parfaitement inutile pour 99.99% des acheteurs. Enermax l’a bien compris et propose avec sa nouvelle gamme Pro82+ d’améliorer significativement l’efficacité de ses alimentations en garantissant un rendement minimum de 82%. A l’heure ou les économies d’énergies deviennent un sujet de préoccupation majeure, l’initiative est clairement la bienvenue.

La gamme Pro82+ est déclinée en version 385, 425, 525 et 625 Watts pour des prix évoluant actuellement (16/04/08) entre 60 et 120€. Parmi ces quatre modèles, c’est la version 385 Watts que nous avons choisi de tester, car elle pourrait représenter un très bon choix pour la majorité des utilisateurs pour peu que ses performances soient à la hauteur. C’est ce que nous allons voir maintenant.

  • Caractéristiques

La Pro82+ 385 Watts que nous allons tester aujourd'hui est fournie avec un câble secteur, la visserie adéquate pour la fixer à la tour ainsi qu'un guide montage et quelques rubans "scratch" destiné à ordonner le cheminement des câbles. L'alimentation en elle-même est recouverte d'une peinture noir brillante sur laquelle nous nous abstiendrons de tout commentaire esthétique.

 

Le bloc est refroidi par un ventilateur silencieux de 12 cm dont la vitesse de rotation n'excède pas 450 tr/min jusqu'a une charge de 50%. Il passe ensuite à 800 tr/min à 75% et culmine à 1500 tr/min à 100%. Selon nos constatations subjectives, celui-ci commence à être audible à 1 mètre à partir de 1000 tr/min. Un bon point. Passons maintenant aux spécifications. Pas de surprise, c'est 20 Ampères pour tout le monde, du +3.3V aux deux rails +12V. La répartition des rails +12V est idéale : le premier rail (+12V1) est utilisé pour le connecteur ATX principal + CPU et le second (+12V2) alimente le connecteur PCI-Express ainsi que les molex. Il est possible de tirer 20A sur les rails +5V et 3.3V pour un total de 110W maximum. Côté 12 Volts, on peut compter sur 30A dispatchés sur les deux rails, soit 360 Watts sur le total de 385 Watts. La répartition est idéale pour un système intégrant un seul processeur et une seule carte graphique haut de gamme, soit l’écrasante majorité des acheteurs.

Enermax n'a pas lésiné sur les connecteurs disponibles :

Type
Nombre
Type
Nombre
x1
45 cm
x6
45/55/65 cm
x1
45 cm
x4
45/55/65/75 cm
x1
45 cm
x1
75 cm

On retrouve un connecteur 20+4 broches ATX principal, ainsi qu'un connecteur ATX/EPS 4+4 broches dédié au CPU. Les connecteurs Molex et SATA sont disponibles en nombres et permettrons donc une bonne évolutivité. Toutefois, un choix d'Enermax reste incompréhensible : le connecteur PCI Express est à la norme 1.0 alors que les cartes récentes sont désormais en PCIe 2.0, qui implique un connecteur 8 broches. Certes, ces cartes fonctionnent très généralement sans problème avec un connecteur 1.0, mais la Pro82+ 385 Watts est la seule alimentation de la gamme a ne pas inclure un connecteur mixte 6+2 broches. C'est dommage.

 

  • Fonctionnement Interne

Parlons maintenant du fonctionnement interne de cette alimentation. Comme on a pu le constater à la lecture de l'emballage, le sacerdoce d'Enermax pour sa gamme "82+" est d'offrir un rendement de 84-88% en 220V et 82-85% en 110V. Logiquement, la majorité des composants internes devraient être conçu à cet effet :







Commençons notre tour d'horizon par le filtre d’entrée (1), chargé de l’élimination des parasites sur la tension du secteur. Celui-ci est constitué d’un condensateur et d’une inductance et sert aussi à empêcher le renvoi des harmoniques générées par l’alimentation vers le secteur. Le signal d’entrée passe ensuite le pont de diode (2) pour y être redressé. La correction du facteur de puissance est effectuée par l’imposante self (3) ainsi que par deux transistors dédiés (6). Surprise : le condensateur d’entrée (4) est un modèle 400 volt, ce qui indique un fonctionnement en conduction directe, souvent plus efficace d’un point de vue énergétique. Ceci dit, sa valeur (220 µF) semble assez faible pour se type d’alimentation. Un point à surveiller lors des tests.

Poursuivons. Le découpage ainsi que la gestion du PFC sont effectués par un composant CM6802 (5) de Champion Microelectronic (ça ne s’invente pas) conçu justement pour offrir un rendement minimum de 82%. C’est le « secret » de cette alimentation et plus généralement de la gamme Pro82+ d’Enermax.

Passons ensuite à l’étage de transformation, rien que du très classique. La haute tension continue provenant du condensateur est découpée par les deux transistors de puissance (6) puis passe par le transformateur principal (7) avant d’être redressée par des diodes Schottky (8). Courants et tensions sont ensuite lissés par les selfs et les condensateurs de sorties (10) avant de rejoindre vos précieux périphériques (11). A noter que le PCB inclut un emplacement pour un +12V3 (présent sur les modèles plus puissants) ainsi que des shunts permettant de mesurer le courant qui circulent dans les rails. La majorité des protestions est assurée par un composant PS223 de Silicon Touch Technology (9) capable de monitorer le courant et la tension sur 4 canaux et de gérer la température. C’est aussi lui qui se charge de créer le signal PWR_OK.

 

  • Tests : AC & Efficacité

Le cheval de bataille d'Enermax est donc le rendement electrique. C'est ce que nous allons vérifier. Toutefois, avant cela, il convient de constater par la mesure l'efficacité de la correction du facteur de puissance ainsi que l'état des harmoniques générées en sortie de l'alimentation :

 

Le PFC de la Pro82+ 385 Watts fait ici un très bon travail puisque la forme du courant drainé est proche de la sinusoïde. Conséquence : le Power Factor oscille entre 0.93 à 20% de charge et 0.98 à 100%. Côté harmoniques, on est très nettement en dessous des normes sur tous les rangs. Il est maintenant temps de mesurer l'efficacité réelle de cette alimentation :

 

 

Enermax réussi son pari en proposant une efficacité d'environ 84% en moyenne. Ce qui est excellent et au dessus des normes actuelles les plus strictes comme 80Plus. Petit bémol, le rendement sur le rail +5VSB, alimentation en veille, est très légèrement en dessous du minimum requis en très faible charge. En clair, si votre carte-mère consomme 100 mA sur le +5VSB à l'arrêt (soit 0.5 Watts), le bloc consommera un peu plus de 1 Watt sur le secteur. Pas franchement gravissime, surtout que ce palier est très compliqué à atteindre avec de très faibles puissances. Sous 2.5A (12.5 Watts), on dépasse les 70% d'efficacité. Une prouesse.

 

  • Tests : Qualité du courant continu

Voyons maintenant le ripple (micro-oscillation de la tension) sur les différents rails en pleine charge (100%) ainsi que faible charge (20%).


Ripple +12V


Ripple +5V

 

Tout est dans le vert. Sur le rail +12V, le ripple n'excède pas les 39.2 mV (contre 120 mV max) en pleine charge et tombe à 25 mV à 20% de charge. Côté +5V, on obtient respectivement 17.2 mV et 12 mV à 100% et 20% de charge pour un maximum autorisé de 50 mV. Mieux, sur le rail +3.3V, le ripple est quasi-inexistant avec 8 mV et 8 mV. Ceci garanti une bonne stabilité de la tension et permet de ne pas trop "fatiguer" les condensateurs de filtrages présent sur les périphériques.

L'analyse des transitions, qui consiste à faire varier brutalement le courant de 15A à 2A sur un rail, nous a reservé une bonne surprise :

Comme on le voit ci-contre, aucune forte variation de tension n'apparait. A peine quelques légère perturbation du signal. Visiblement, les condensateurs de sorties sont suffisamment dimensionnés pour encaisser une telle variation sans provoquer de chute de tension. Et en effet, nous avons constaté que le pic de tension réapparait lorsqu'on dépasse les 18A. Voici pour exemple le même test effectué avec une charge de 24A, plus important que les 20A nominaux :


Transition 2A -> 15A - Rail +12V

 

Même avec 24 Ampères pour un rail +12V, la tension ne chute jamais en dessous des valeurs autorisées par la norme ATX. De ce côté, la Pro82+ 385 Watts remplit donc parfaitement son rôle.

Nous avons ensuite effectué les tests de mise sous tension qui se sont révélés également dans les normes : le signal PWR_GOOD passe à l’état logique « 1 » environ 240 ms après le déclenchement du signal PWR_ON (500 ms max autorisé) et les différents rails atteignent tous leurs valeurs nominales dans un temps compris entre 6 et 8 ms, ce qui reste bien en dessous des 20 ms spécifiés par la norme ATX.

 

  • Tests : Protections et Résistance

Commençons par les tests de Cross-load avec un petit rappel technique. Sur une alimentation, tout le courant est fourni par le transformateur principal et ensuite scindé en différentes tensions. En conséquence, il est impossible de charger fortement un rail (ex : 15A sur le +12V) sans aucune charge sur le +5V et le +3.3 V : soit les transistors commutent et fournissent du courant, soit ils n’en fournissent pas. Avec des charges très fortement déséquilibrée, on constate donc une envolée de la tension sur le rail fonctionnant « à vide ». Dans la pratique, une alimentation doit pouvoir démarrer avec 5A sur les rails +5V et +3.3V sans aucune charge sur le +12V. Ceci fonctionne sans problème sur la Pro82+ 385 Watts d’Enermax. Nous avons toutefois voulu aller plus loin en chargant 9A sur le rail +12V et quelques mA sur le +5V et vice-versa pour voir le comportement de l’alimentation. Voici les résultats :

 

Comme prévu, avec seulement 50 mA, la tension s’envole, mais reste limitée à 14V et 5.5V. Au dessus, les systèmes de protections s’activent et mettent l'alimentation en veille. Nous avons ensuite testé ce bloc aux limites de tensions prévues par la norme ATX, c'est à dire de 180 à 265 VAC. Rien à redire ici non plus puisque la stabilité des tensions est exemplaire de 90V à 265V. Nous avons également généré de nombreuses surtensions de 600 V pendant une minute sans que cela ne perturbe le fonctionnement de l'alimentation ni se ressente sur les tensions en sortie.

Parlons maintenant des tests de surintensités et, pour commencer, des plus violentes : les tests de court-circuit. Quel que soit le rail mis en court-circuit, la Pro82+ 385 Watts s'est mise en sécurité immédiatement et ce, sans dommage pour elle ni pour les composants connectés. Pour les surintensités moins brutales par contre, le résultat est un peu plus mitigé : si un courant de 24A sur le rail +12V suffit pour stopper l'alimentation, il faut monter jusqu'a plus de 30A sur les rails +5V et +3.3V avant que les sécurités intégrées ne s'activent. C'est beaucoup pour un maximum spécifié de 20A, même si on reste largement dans les spécifications ATX.

Enfin, terminons ces tests par la résistance aux micro-coupures.


Résistance aux micro-coupures (385 Watts)

Hélas, voici probablement le seul test où la Pro82+ 385 Watts d'Enermax offre un résultat non conforme avec la norme ATX. En effet, comme on peut le voir ci-contre, lorsque le bloc est chargé au maximum de sa puissance nominale (soit 385 Watts), il ne résiste que 13.60 ms en moyenne après une interruption du secteur, alors qu’il devrait tenir au moins 16 ms.

Ceci peut paraitre négligeable, mais il n’en est rien, car en dessous de ces 16 ms fatidiques, l’alimentation résistera moins bien aux microcoupures du secteur EDF qui peuvent être fréquentes dans certaines régions.

D'un point de vue technique, ce problème semble lié au condensateur d’entrée d'une capacité de "seulement" 220 µF, trop faible pour supporter les 385 Watts pendant 16 ms. Ceci est vérifié par un test identique effectué avec une charge de 300 Watts : dans ce cas, le délai dépasse de résistance à une microcoupure passe, au dessus de la norme, avec 17.20 ms mesuré.

 

  • Conclusion

Enermax est l’un des premiers fabricants d’alimentation à mettre l’accent sur le rendement avec la gamme Pro82+, qui promet une efficacité d’au moins 82% là ou les normes modernes les plus strictes se limitent à 80%. Bien que déclinée en plusieurs puissances, c’est la version 385 Watts que nous avons choisi de tester aujourd’hui pour une raison simple : cette puissance suffit pour un PC équipé d’une seule carte graphique haut-de-gamme, c'est-à-dire 99% des configurations actuelles.

Lors de nos tests, nous avons pu vérifier dans la pratique que la Pro82+ 385 Watts confirmait bien les allégations de son constructeur en offrant une efficacité exemplaire comprise entre 83% et 86%. Plus largement, celle-ci ne génère que très peu de perturbations sur le secteur et dispose d’une correction du facteur de puissance efficace. Côté tension continue, ce modèle délivre un courant stable, de bonne qualité et ceci sur toute la gamme de puissance. Les tensions sont bien filtrées et ne souffrent pas de déformation trop importante lors des brusques variations de courants. La Pro82+ 385 Watts pourrait donc être l’alimentation idéale pour une configuration classique…

…pourrait. Car celle-ci souffre tout de même de quelques petits défauts qui, même s’ils ne remettent pas en cause la qualité globale de l’alimentation, auraient mérité plus d’attention de la part d’Enermax. D’abord, la présence d’un connecteur PCI Express 1.0 alors que toutes les nouvelles cartes requièrent un connecteur PCIe 2.0 est difficilement compréhensible. Ensuite, la capacité du condensateur d’entrée, trop faible, offre une tolérance aux microcoupures inférieure à celle requise par la norme ATX. Du moins à pleine charge. En poussant encore un peu plus loin, on pourrait également lui reprocher un ripple un peu élevé sur le rail +12V par rapport à certaines autres, mais celui-ci reste bien en deçà des normes.

En bref, la Pro82+ 385 Watts d’Enermax n’est pas une alimentation parfaite, mais reste un modèle de très bonne qualité, économe en énergie et relativement silencieuse, tout cela pour un prix raisonnable. Et ça Marise, c'est une affaire à saisir !