C’est un fait : l’écrasante majorité des PC ne nécessitent pas une puissance de plus de 300 Watts pour fonctionner. Dans ces circonstances, pourquoi dépenser 80€ (ou plus !) dans un modèle de 600 Watts ? Certains constructeurs l’ont bien comprit et proposent des modèles aux puissances plus modestes, mais annoncés comme étant de qualité, aux alentours de 40€. Bien sur, dans le lot, on trouvera aussi les infâmes alimentations LC Power et autres détritus du même genre que nous vous conseillons vivement de fuir comme la peste. Parmi les marques plus sérieuses, l’une des plus vendue est probablement Antec, avec sa gamme EarthWatts.
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Déclinée en quatre versions de 380, 430, 500 et 630 Watts, les Antec EarthWatts sont disponibles à des prix compris entre 40€ (pour le modèle 380 Watts) et 80€ (pour le 630). L'idéal pour équiper une « petite » configuration à un prix raisonnable. Reste maintenant à savoir ce que valent réellement ces alimentations en termes de qualité.
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Pour cela, nous allons tester le modèle EarthWatts 380 Watts, le moins cher, et le soumettre à notre batterie de tests. Procédons !
Inutile de chercher de petits accessoires-gadgets dans la boite, l’Antec EarthWatts n’est fourni qu’avec un cordon secteur, quatre vis et un petit manuel. Le strict minimum sommes toutes. Physiquement, ce bloc d’alimentation est franchement « Old School » et ne se distingue pas vraiment des modèles noname à bas prix :
L’Antec EarthWatts ne dispose que d’un ventilateur de 8 cm à l’arrière. Celui-ci est un modèle ADDA de 8 cm dont les nuisances sonores, selon le constructeur, s’élèvent à 38 dB. Lors de nos tests, nous avons pu constater que celui-ci est certes plus bruyant que les modèles « Silent » de 12, voir 14 cm, mais qu’il reste toutefois suffisamment discret pour se faire oublier. En dessous de 300 Watts, il est même quasiment inaudible. Concernant la répartition des tensions, Antec a choisi une distribution de bonne qualité, avec plus de 80% de la puissance totale utilisable sur le rail +12V (27A max cumulé). Le +5VSB est bien aux 2.5A recommandés et les rails +5V et +3.3V n’ont pas de valeurs fantaisistes. La première impression est donc plutôt bonne.
Voyons maintenant les connecteurs qui équipent l'Antec EarthWatts :
Type
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Nombre
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Type
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Nombre
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ATX 20-24 Pin x1 40 cm
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Molex x6 40/50/60/70 cm
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ATX12V (4P) x1 40 cm
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SATA x4 40/50 cm
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PCIe 1.0 (6P) x1 40 cm
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Floppy x1 70 cm
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Niveau connectiques, on se contentera donc du minimum syndical. Les nappes ATX 24, ATX12V et PCI Express ne mesurent que 40 cm, ce qui est suffisant (et même optimal) pour un boitier classique. Les Molex sont toutefois disponibles en nombre (6), tout comme les fiches SATA (4). Seule petite reproche : la présence d’une fiche PCI Express 2.0 à 8 broches aurait été préférable. Toutefois, toutes les cartes graphiques milieu de gammes actuelles se contenteront sans problème d’un connecteur PCIE à 6 broches.
Comme son nom l’indique, l’Antec EarthWatts a des prétentions écologiques qui se traduisent dans la pratique par une efficacité annoncée comme supérieure à 80%, voir 85%. Courant sur les alimentations haut de gamme, un tel rendement est en revanche beaucoup plus rare sur un modèle à 40€. Nous allons donc voir comment ce bloc est construit et quels sont les composants utilisés.
A l’ouverture du cabot, première surprise : la disposition des composants nous est familière … et pour cause ! Le PCB utilisé (1) est strictement identique aux Seasonic S12-II, tout comme une bonne partie des composants. Antec a donc choisi de faire sous traiter sa production par l’un des leaders des alimentations haut de gamme. Bonne nouvelle pour l’utilisateur. On reconnait immédiatement le PCB dédié au filtrage, soudé directement sur le connecteur secteur en entrée (2), ainsi que les jeux inductances/condensateurs supplémentaires sur le PCB principal (3). On y retrouve aussi le pont redresseur vissé au dissipateur. .
L’étage d’entrée est lui aussi identique à celui de la S12-II de Seasonic, mais dimensionné de manière un peu différente. On retrouve ainsi le contrôleur CM6800A de Champion Microelectronic chargé du découpage (5), sur un petit PCB dédié, ainsi que les quatre MOSFET de Fairchild (deux pour le découpage en lui-même (4), deux pour le PFC actif (7)). Ceux-ci sont des modèles 13N50 (50A max pulsé) alors qu’on trouvait des 18N50 (72A) sur la Seasonic S12-II de 500 Watts. Ceci dit, ceux-ci sont largement suffisant pour une alimentation spécifiée à 380 Watts. Pour le +5VSB, on retrouve par contre la même diode STTH8S06 de ST Microelectronics et le même contrôleur CoolMOS d’Intersil. Enfin, la réserve de courant est constituée d’un condensateur 400V/220 µF de Nippon Chemicon spécifié à 85°C (6). Un composant de qualité, mais nettement moins onéreux que les modèles 105°C utilisés par Seasonic sur ses propres modèles.
Après le transformateur, on retrouve encore la même répartition concernant les barrières Schottky de redressement (8). Pour le +12V, on trouve deux packs SBR30A50CT, chacun spécifié à 30A, très nettement surdimensionnés pour les 27A maximum annoncés ! Pour les rails +3.3V et +5V, l’Antec EarthWatts utilise, là encore, des STPS30L30CT de ST, largement suffisantes (30A pour 20A annoncées). Même topo en sortie, avec le HY510N pour la gestion des signaux PWR_GOOD, PWR_ON et des différentes protections sur un autre PCB dédié (9). Bien sûr, pas de condensateurs solides ici, mais des modèles japonais spécifiés, eux, à 105°C (10). Du très bon.
Vu les composants internes quasi-identiques à ceux que l’on trouve dans les modèle Seasonic haut de gamme, nul doute que l’efficacité et les perturbations harmoniques seront de haut niveau. Commençons par vérifier la forme du courant drainé et les harmoniques générées par l’Antec EarthWatts :
Courbe de courant quasi-sinusoïdale, PF entre 0.93 et 0.99, taux d’harmoniques très faibles à pleine charge, l’Antec EarthWatts obtient de très bons résultats sur ces tests, similaires à ceux obtenus sur les modèles haut de gamme. Le THD (taux de distorsion harmonique total), qui résume l’intégralité des perturbations harmoniques sur le secteur ne dépasse pas les 12%, ce qui est excellent. Pour rappel, une alimentation dotée d’un PFC passif atteint les 70% quant les pires nonames dépassent les 100%. Voyons maintenant le rendement de ce bloc :
Avec une efficacité comprise entre 81.6% et 85.1%, l’Antec EarhWatts joue presque dans la même cour que les Corsair, Seasonic et autres Enermax. La certification 80Plus revendiquée par le constructeur n’est donc pas usurpée. Côté +5VSB, le rendement est comparables aux autres alimentations construites sur la base Seasonic S12-II avec environ 70% à 2.5A et entre 40% et 45% sur une charge de 100 mA. Très correct.
- Tests : Qualité du courant continu
Voyons maintenant le ripple (micro-oscillation de la tension) sur les différents rails en pleine charge (100%) ainsi que faible charge (20%).
Une fois n’est pas coupure, nous publierons cette fois les mesures de Ripple sur tous les rails à 20% et 100%. Les mesures ci-dessus ont été effectuées à 20%. Comme on le constate, le Ripple sur tous les rails est compris entre 8 mV et 11 mV, ce qui est très faible car nettement en dessous des 50 mV maximum recommandés. A ce niveau, on constate que l’Antec EarthWatts parvient à de très bons résultats. Les condensateurs de filtrages en sortie ainsi que la qualité de l’étage de découpage n’y sont bien sûr pas étranger. Voyons maintenant les résultats à pleine charge :
Si le Ripple décolle bien quelques peu, on reste toujours largement en dessous des maximums tolérables (50 mV sur le +3.3V/+5V et 120 mV sur le +12V). Sur le +12V justement, l’Antec obtient 31.6 mV, soit un score digne des alimentations haut de gamme doté de condensateurs classiques. Seul la Seasonic S12-II et son condensateur solide (absent sur la EarthWatts) arrive à faire mieux. Reste que de tels valeurs sur une alimentation à 40€ est une prouesse remarquable.
L'analyse des transitions, qui consiste à faire varier brutalement le courant de 15A à 2A sur un rail, et vice-versa, confirme la bonne tenue de ce bloc :
Rien à redire ici non plus : comme on le voit ci-contre, les transitions sont gérées sans aucun problème et de manière très rapide (en moins de 5 µs). A titre de comparaison, sur le même exercice, la Seasonic S12-II subit une chute de tension maximale à 11.7V, contre 11.5V sur l’Antec. La norme ATX spécifie un maximum à 10.8V, on est donc largement dans la plage admissible.
Nous avons ensuite reproduit ce test sur les rails +5V et mesuré l’impact d’une forte transition du rail 12V sur le rail 5V. Dans tout les cas, l’Antec EarthWatts s’en tire avec les honneurs et confirme le strict respect de la norme ATX 2.3.
Enfin, nous avons testé le comportement de l’alimentation lors de la procédure de mise en marche. Comme sur toutes les Seasonic, nous avons constaté que, si le bloc réalise bien son cycle de démarrage complet en moins de 500 ms comme prévu (360 ms ici), les différents rails sont assez long à démarrer.
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Transition 2A -> 15A - Rail +12V
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Sur la capture ci-contre, tirée du rail +12V (mais identique sur tous les rails), on peut ainsi constater que le passage de 10% à 90% de la valeur nominale du rail (donc de 1.2V à 10.8V) met environ 18 ms alors que toutes les autres alimentations non-Seasonic démarrent en 5 ms environ. Le maximum autorisé pour ce paramètre par la norme ATX reste toutefois de 20 ms, on reste donc dans les limites, mais on s'en approche fortement.
En réfléchissant un peu, on peut imaginer que Seasonic à choisi de rendre la courbe plus « souple » afin de ne pas créer de rapides variations de tension pour stresser le moins possible les composants alimentés. Du moins, nous ne voyons pas d’autre explication pour le moment.
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- Tests : Protections et Résistance
Débutons par les tests de cross-over (capacité de l’alimentation à supporter une charge déséquilibrée, c'est-à-dire sur un seul rail). Sur le rail +12V, nous avons pu tirer 15A sans qu’aucune charge ne soit connectée aux autres rails. Même chose sur le +5V ou l’Antec EarthWatts est parvenue à débiter 10A « à vide ». Sur le +3.3V par contre, il est impossible de consommer plus de 400 mA sans charge sur les autres rails. Mais ceci reste tout à fait normal.
Rien à redire sur la plage de tension fonctionnelle en entrée puisque nous avons simulé des tensions alternatives de 90V jusqu’à 265 Volts sans constater de perturbations sur les tensions continues délivrées en sortie. Nous pouvons donc passer aux tests des microcoupures pour voir si l’Antec EarthWatts est frappée du même problème que toutes les alimentations Seasonic, c'est-à-dire un condensateur d’entrée insuffisamment proportionné.
Résistance aux micro-coupures (380 Watts)
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Résistance aux micro-coupures (300 Watts)
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Sans surprise hélas, le test est négatif. Avec un unique condensateur de 220 µF, la EarthWatts ne supportera une microcoupure que de 14.20 ms au maximum alors que la norme ATX oblige théoriquement les constructeurs à « au moins 16 ms ». Le calcul erroné de ce condensateur peut donc bien être considéré comme un petit défaut de conception de cette base Seasonic puisqu’il est aussi présent dans la S12-II et dans la SilverPower SP-S500. A moins bien sûr qu’il ne s’agisse d’un acte délibéré pour diminuer les couts. Dans tous les cas, ce point n’est pas très gênant vu que seul deux petites millisecondes séparent l’Antec EarthWatts de la perfection.
Nous avons ensuite terminé nos tests en vérifiant le comportement du bloc lors de la mise en court-circuit direct des différents rails. Dans tous les cas, le bloc s’est bien en sécurité sans dommage pour les composants internes, ni pour les périphériques connectés. Les tests de surintensités ont aussi confirmé ce que l’on voyait déjà sur le PCB, c'est-à-dire qu’il n’y aucune limitation réelle à 17A par rail sur le +12V, mais bien une limitation globale à environ 30A. Tant qu’a faire, nous avons aussi laissé l’alimentation fonctionner pendant une heure avec une charge de 450 Watts, soit presque 20% de plus que sa puissance nominale, sans que celui-ci ne bronche. Lui injecter des surtensions de 600V et 1000V n’a pas non plus créé de perturbation particulière. Enfin, inutile de vous dire que les tests au plomb de l’Antec EarthWatts se sont révélés négatifs.
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Peut-on construire une alimentation de qualité, suffisante pour 90% des besoins, et à moins de 40€ ? Avec le test de l’Antec EarthWatts, plus de doute possible, c’est oui ! Pourtant, le pari n’était pas gagné d’avance car, à ce tarif, on trouve généralement d’horribles marques noname qui tentent de s’offrir une respectabilité en gonflant les prix et en sacrifiant la qualité afin de maximiser la marge de l’importateur. Après tout, tant que les pigeons, attirés par les promesses irréalistes inscrites sur l’étiquette, en achètent, pourquoi s’en priver ?
Refusant de céder aux sirènes de la marge maximum à tout prix, Antec démontre qu’il est tout de même possible de bien faire. Et la recette n’etait finalement pas si compliquée.
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La EarthWatts est donc en réalité une alimentation Seasonic qui partage 95% de ses composants internes avec la fameuse S12-II considérée (à raison) par beaucoup comme l’une des meilleures disponibles sur le marché. Bien sur, pour réduire les couts, quelques sacrifices ont été réalisés : remplacement du condensateur d’entrée par un modèle spécifié à 85°C au lieu de 105°C (mais toujours japonais !), changement du ventilateur pour un 8cm, suppression du condensateur solide de filtrage sur le rail +12V et … c’est à peu prés tout ! Au final, on obtient un bloc d’excellente qualité, qui se comporte très bien dans tous les tests que nous avons pu effectuer (rendement, qualité du courant, protections, …etc.) et qui n'a pas à rougir face aux Corsair et autres Enermax.
Certes, on pourrait toujours reprocher à l’Antec EarthWatts quelques détails, comme ce manque de résistance aux microcoupures, inhérent au design de Seasonic, ou bien encore ce ventilateur de 8 cm un peu plus bruyant que les modèles 12 cm qu’on trouve chez la concurrence, mais, à ce prix, on lui pardonnera sans problème ces petits écarts.