Alimentations ATX 2009 LC Power LC6550G(P) 2.0 550 Watts Entre les alimentations noname de qualité exécrable, vendues moins de 20€, et les modèles de marques qui démarrent à 50€, on trouve aussi certains modèles situés à mi-chemin des deux. Ceux-ci entendent offrir une qualité correcte à un prix raisonnable, généralement situé entre 30 et 40€, de quoi retenir l’attention de plus d’un acheteur potentiel.
Bien sur, nous en profiterons pour faire le point sur les différentes sécurités et autres protections. Dans cet article, nous pointerons aussi les différences entre le modèles « G » et le modèle « GP » afin de pouvoir juger sur les 5€ d’écarts demandés sont bien justifiés. Bref, procédons.
La LC Power LC6550GP 2.0 est fournie avec le strict minimum : un cordon d’alimentation et un petit manuel rachitique qui explique en anglais et en allemand les spécifications de base. Tant pis pour la traduction française, pourtant obligatoire depuis la loi Toubon de 1994. Observons ce bloc d’un peu plus prés :
La première chose qu’on remarque lorsqu’on déballe l’alimentation, c’est son poids : 2 Kg ! Pas 1995 ou 2005 grammes, non, 2000 grammes tout rond. Un tel poids est généralement bon signe car gage de composants de qualité. Malgré cela, le premier coup d’œil a travers la grille alvéolée donne l’impression inverse : le PCB interne est très loin de « remplir » l’espace disponible dans l’alimentation. Un mot sur le ventilateur de 14 cm : il s’agit d’un modèle Yate Long D14SM-12 spécifié pour 62 CFM à 29 dBA. Passons maintenant aux spécifications écrites sur l’étiquette.
Avant de déverser un torrent de fiel sur le constructeur, il convient de noter que la LC6550G 2.0 présente exactement la même répartition des courants. A tout hasard, vous pouvez consulter l’étiquette que nous vous avons gentiment scanné ici. Bon, allons-y. On commence doucement avec la tension d’entrée unique « 230Vac », qui indique clairement que l’alimentation ne dispose pas d’un PFC actif, mais, au mieux, d’un PFC passif. On poursuit avec les valeurs extravagantes de courants annoncés sur les rails +3.3V et +5V, avec respectivement 35A et 40A ! Du pur délire destiné à gonfler artificiellement la puissance totale. Mais à vrai dire, le pire dans l’histoire est probablement le fait que LC-Power ne cherche même pas à cacher ses mensonges sous d’habiles remarquages puisqu’il suffit d’ouvrir le couvercle pour constater façon Port-salut qu’il s’agit d’une HK500-52SP de Huntkey, un modèle très courant de … 400 Watts ! En toute logique, nous testerons donc cette alimentation comme un modèle de 400 Watts et non pas comme les 550 Watts imaginaires annoncés. Respirons un coup et poursuivons avec les connecteurs présent :
Si les classiques prises MOLEX sont en nombre suffisants, les deux connecteurs SATA font clairement pale figure pour les configurations actuelles. De même, un connecteur PCIe 6/8 broches aurait été souhaitable.
Pour étudier le fonctionnement de ces alimentations, nous avons séparé le LC6550G 2.0 et sa version dite « Green Power », la LC6550GP 2.0. En effet, même si les spécifications inscrites sur l’étiquette sont strictement identiques, il s’avère que les deux blocs d’alimentation utilisent un PCB et des composants différents. Les deux blocs semblent donc provenir de deux constructeurs distincts. Commençons donc par la première.
Inutile de faire durer le suspense, la LC6550GP 2.0 est probablement l’une des plus mauvaises alimentations que nous avons pu croiser. Sur certains points que nous allons détailler, elle se paye même le luxe de faire pire que les modèles à 15€ comme l’Heden PSX-A830. Voyons tout cela de plus prêt.
Tout d’abord, en entrée et directement soudé sur le connecteur, on trouve deux condensateurs terre/ligne et un condensateur phase/neutre (1) servant a éliminer une partie des parasites générées par l’alimentation. Passons sur l’aspect pas franchement catholique du procédé, souvent utilisé pour convertir une alimentation ne disposant pas de PFC à l’origine en un bloc PFC passif compatible avec le marché européen. Juste après, on trouve un fusible de 6.3A et encore deux autre self (2). Par contre, les condensateurs X et Y se font plus que rares. Mais le plus amusant reste à venir puisqu’une fois ouverte, la LC6550GP 2.0 laisse apparaitre une énorme self vissée à la carcasse (3), reliée au PCB par le biais d’un connecteur à deux points. Encore une fois, il semble que ce « procédé » ait pour but d’ajouter à la va-vite un PFC à une alimentation qui en est dépourvue d’origine. Hélas, si le filtrage par ces énormes selfs semble tout a fait disproportionné, l’ensemble manque franchement de condensateur. A tel point qu’on peut se demander si cette monstrueuse self n’est pas là simplement pour « lester » l’alimentation et la rendre plus lourde.
Le courant d’entrée est ensuite redressé par un pont de diode aux caractéristiques inconnues puis arrive dans deux gros condensateurs de 680 µF (4) montés en série. On trouve ensuite les deux transistors NPN de commutation (5), des FJP13009 de Fairchild, spécifié à 24 A maximum en mode pulsé, soit à peine mieux que les transistors Semihow qu’on trouvait dans la Heden PSX-A830. Mais le plus catastrophique n’est pas le transistor en lui-même, mais bien l’ersatz de dissipateur sur lequel il est monté. Comme on le voit très bien sur la photo, il ne s’agit ni plus ni moins qu’une plaque d’aluminium totalement dépourvue d’ailettes ! De quoi dissiper une puissance ridicule, bien loin des spécifications des transistors. En bref, avec un tel morceau de métal en guise de radiateur, la puissance transmissible sans entrainer la destruction des composants par surchauffe est très faible. Viennent ensuite les diodes de redressement. Côté 12V, on trouve deux B20H100G de ON Semiconductors (6), d’une capacité de 20A chacun, ce qui respecte 32A annoncé sur l’étiquette. Par contre, les rails +5V et +3.3V utilisent des barrières Schottky STPS30S45CW (7)(8), spécifiées à 30A chacune. Preuve supplémentaire que les 35 et 40A annoncés sur l’étiquette ne sont que pure fiction. A noter également le dissipateur rachitique présent sur la partie secondaire. Pour contrôler le tout, un SG6105 de System General (9), un composant déprimant tant il est vieux et obsolète, accompagné d’un comparateur quadruple censé gérer la protection over-power. On trouve également une thermistance (10) qui se balade à l’air libre au lieu d’être fixée sur l’un des dissipateurs. Bref, tout cela est très médiocre puisque non seulement la base Huntkey ne casse pas des briques, mais qu’en plus il semble qu’elle ait encore été dégradée.
Parlons maintenant de la version non "Green Power", la LC6550G 2.0. Toujours fabriquée par Huntkey, il s'agit cette fois qu'une HK400-AP, soit un modèle encore une fois spécifié à 400 Watts, déjà assez ancien. Comme nous allons le voir, la qualité des composants est un peu meilleure que celle du modèle GP, pourtant plus chère !
En entrée, rien que du très classique, on retrouve les condensateurs soudés directement sur le connecteur d’entrée et un jeu de self/condensateurs suffisant sur le PCB (1). Hélas, on retrouve ici aussi l’énorme self collée au boitier (2) qui prouve que ce bloc est lui aussi équipé d’un PFC passif. Après le pont redresseur, on trouve deux condensateurs 200V de 680 µF du chinois CapXion (3). Plus loin - joie ! – on trouve un dissipateur doté d’ailettes sur les transistors de découpages. Ceux-ci sont toujours des J13009 de Fairchild, mais cette fois en boitier TO-247, nettement plus robuste (5). On trouve aussi un transistor dédié au +5VSB (4), absent de la LC6550GP 2.0.
Une fois le transformateur passé, les diodes Schottky de redressement en sortie sont, elles-aussi, mieux dimensionnée que sur la version GP. Le rail +12V est ainsi géré par deux MOSPEC F16C20 (6), spécifié à 16A maximum par composant, soit 32A au total. Certes, c’est encore insuffisant pour respecter les 34A promis sur l’étiquette, mais c’est déjà mieux. Coté +5V et +3.3V, on trouve respectivement un MOSPEC S30D40C (7), spécifié à 30A (40A promis) et deux STPS2045 de ST Microelectronics (8), chacun spécifié à 20A. Le dissipateur est ici aussi de taille plus raisonnable que sur la version GP. Parlons maintenant de la régulation. Le contrôleur de découpage est un AZ7500B d’AAC, épaulé par deux comparateurs quadruples AS339P monté sur une petite carte fille (9) et chargés de générer les signaux PS_ON et PWR_GOOD. Au final, la qualité de construction de cette alimentation est nettement meilleure que pour le modèle GP. Bien sur, le choix des composants reste juste correct pour un modèle 400 Watts et en aucun cas adapté aux 550 Watts promis.
Contrairement aux autres tests d’alimentations, nous avons choisi de ne pas séparer les mesures par type, mais par modèle testé. Pour quelle raison ? Simplement parce que les deux modèles ont explosé pendant le déroulé de la méthodologie. Pourtant, nous les avions ménagés en les considérants comme des alimentations de 400 Watts au lieu des 550 Watts affichés. Mais parlons tout d’abord de la LC6550GP 2.0. Comme nous l’avons vu précédemment, la qualité de construction est absolument infâme et il n’a pas fallu longtemps pour que le dissipateur (si on peut l’appeler comme ça) ne surchauffe, entrainant la défaillance explosive des transistors de commutations dans un joli éclair bleuté caractéristique que je n’ai malheureusement pu filmer. Au passage, il faut noter que l’un des modules de notre charge électronique Agilent 6050A s’est mis en sécurité, signe d’une violente surtension. Pire, la destruction de l’alimentation s’est accompagnée du déclenchement du disjoncteur qui protège le laboratoire. Pour rappel, il s’agit d’un modèle de 6 ampères ultra-sensible, soit une surcharge qui a dépassé les 1300 Watts pendant un cours instants. En tout, la durée de vie de la LC6550GP 2.0 avec une charge de 400 Watts n’a pas dépassé les 5 minutes. CQFD.
A noter que nous avons tout de même eu le temps de réaliser les tests sur la partie AC grâce à notre nouvel outil de test automatique. Les résultats seront comparés avec ceux de la LC6550G 2.0
Dans le domaine de l’ultra-mauvais, la version G, pourtant moins chère, fait un peu moins bien que la GP. En effet, celle-ci est dotée de radiateurs à ailettes et de composants légèrement mieux dimensionnés. En bref, nous avons pu dérouler notre procédure de test avec une charge de 400 Watts pendant environ 1h30 avant que le bloc ne rejoigne son grand frère au cimetière des alims moribondes. Le départ fut toutefois moins tonitruant puisque seule une odeur nauséabonde n’est venue signaler au testeur que la fête était finie. Après autopsie, il s’avère que la défaillance provient des diodes Schottky chargés de réguler le rail +12V, gros point noir de cette alimentation. Avec une charge de 350 Watts, le bloc aurait probablement résisté plus longtemps. Mais voyons maintenant les résultats des mesures :
PFC passif oblige, les harmoniques sont très élevées et atteignent quasi-systématiquement les valeurs maximales prévues par la norme IEC61000-2-3. On constate d’ailleurs que la version GP offre des résultats très légèrement meilleurs, avec un THD (taux de distorsion harmonique global) de 77% contre 81% pour le modèle LC6550G. le Power Factor oscille entre 0.75 et 0.85 pour la version GP et entre 0.73 et 0.80 pour la version G. A ce niveau, il est impossible de faire la distinction entre les deux blocs.
A ce niveau, on constate bien un écart entre les deux modèles : la LC6550GP offre un meilleur rendement, compris entre 80% et 85% alors que la LC6550G se situe plutôt entre 75% et 80%. Les résultats obtenus par le modèle GP sont d’ailleurs étonnant quant on voit la piètre qualité de sa construction interne. Une explication existe pourtant : des composants sous-dimensionnés offrent souvent une meilleure efficacité que leurs homologues plus robustes. Côté efficacité du +5VSB, nous n’avons pas eu le temps d’effectuer les tests sur la GP. Le modèle G obtient des résultats très médiocres : 10% avec 100 mA et 57% avec 2.5A. Nous avons ensuite vérifié la qualité des tensions continues disponibles en sortie.
Les trois premières captures montrent le Ripple, c'est à dire les micro-variations de la tension en sortie. Avec un Ripple de 20 mV sur les rails +3.3V et +5V pour 50 mV maximum autorisé, le bloc respecte les spécifications de la norme ATX. Côté +12V, on obtient environ 60 mV (pour 120 mV max), ce qui reste bien au delà du bruit obtenu par une alimentation haut de gamme, mais qui reste dans les normes. A 20% de charges, les valeurs de Ripple mesurées sur ces différents rails sont respectivement 5mV, 6 mV et 18 mV, soit des résultats plutôt bons. A noter que les condensateurs de filtrage sur le modèle G sont des composants de qualité, spécifiés à 105°C et doté d’un ESR (résistance série) assez faible. Hélas, le bloc offre des résultats catastrophiques lors des tests de transitions (transients). Lorsque le courant varie brutalement de 12A à 2A, on constate un gros pic de tension qui peut monter jusqu’à 14 volts avec que la norme ATX spécifie le maximum à 13.2 Volts. Or, ce type de variation se produit très couramment dans n’importe quel PC en fonction de l’utilisation du CPU ou du GPU. A force, une telle surcharge réduit la durée de vie de ces composants. Pour cause de décès prématuré, nous n’avons pas pu réaliser els tests de protections et autres résistances aux microcoupures. Toutefois, une chose est sure : vu la défaillance du bloc sans qu’aucune des protections ne se déclenchent, on peut douter de leurs implémentations. Par acquis de conscience, nous avons toutefois vérifié la présence de plomb dans les soudures du PCB :
Conformément à la législation, ce modèle est bien exempt de plomb.
Commençons par la LC Power LC6550GP 2.0, de loin la plus vendue. Bien. Pour ceux qui ne lisent que la conclusion, et même que le premier paragraphe de la conclusion, nous allons faire simple : fuyez. Oui, fuyez ce bloc d’alimentation LC Power et retournez-vous plusieurs fois pour vous assurer qu’aucun vendeur sournois ne tente de vous rattraper. Avec une qualité de fabrication ultra-médiocre, pire que celle d’une alimentation Heden à 15€, couplée à une charge effective loin, très loin de celle indiquée sur l’étiquette, on aurait pu en rire. Sauf que la chose est vendue prêt de 40€… et qu’elle trouve acquéreur ! Or, à ce prix, on trouve aussi l’Antec EarthWatts 380 Watts, dont la qualité n’a tout simplement rien à voir. A croire qu’il suffit de coller une étiquette « 550 Watts » sur une alimentation 300 Watts noname pour la faire passer pour du haut de gamme… Passons ensuite au modèle LC6550G 2.0, plus ancien et de meilleure qualité mais, comble de l’ironie, vendu 5€ de moins. Etiqueté 300 ou 350 Watts et proposé aux alentours de 25€, on aurait pu s’interroger. En effet, celui-ci dispose d’une régulation décente, de composants suffisants pour une telle puissance et d’un refroidissement correct. Mais malgré tout, l’efficacité fait défaut, les fortes transitions de courants sont mal gérées et le PFC est toujours passif. Estampillé 550 Watts et vendu 35€, il n’y a rien à en retirer. Pour résumer, si votre voisin laisse son chien pisser sur votre scooter et jette ses détritus dans votre jardin, offrez-lui une LC Power LC6550G. Si en plus il vous a crevé un œil, a tué vos trois chats, couche avec votre femme et à foutu le feu à votre maison avec son barbecue, alors là, oui, offrez lui carrément une LC Power LC6550GP « Green Power » 2.0. Vous verrez, ça soulage.
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